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Tout le monde joue au football au Bresil

mercredi 25 octobre 2017

NEDEN TÜRKİYE PAZARI GERÇEKLER

Ce que cache l'exode massif des footballeurs français en Turquie

Valbuena, Clichy, Gomis, Nasri ou encore Menez. La Süper Lig turque va désormais parler français. Alors qu'ils n'étaient "que" 28 Français l'année dernière dans le championnat, cette année ils sont déjà 47 alors que le mercato n'est pas terminé. Enquête sur un exode massif vers le pays d'Erdogan.

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La Turquie, ce nouvel eldorado pour joueurs de foot français
Nasri, Valbuena, Gomis, Belhanda, Clichy, Menez, Dirar. Sans oublier au coaching Paul Le Guen. Hatem Ben Arfa et Bacary Sagna qui devraient suivre l'exode bientôt. On pourra former une belle équipe avec les joueurs de football français qui joueront en Süper Lig turque au cours de cette saison.
AFP
Nasri, Valbuena, Gomis, Belhanda, Clichy, Menez, Dirar. Sans oublier le coach Paul Le Guen. Hatem Ben Arfa et Bacary Sagna qui devraient suivre l'exode bientôt. On pourra former une belle équipe avec les joueurs de football français qui joueront en Süper Lig turque au cours de cette saison. Selon le Centre International d'Etude du Sport (CIES), il y a 47 Français en Anatolie alors que le mercato n'est pas terminé. Ils n'étaient que 28 en 2016. Les Français seront cette année plus présents en Turquie que les Brésiliens (30). Qu'est ce qui pousse ces footballeurs à braver les risques d'attentat d'un pays impliqué dans la guerre syrienne et un pouvoir de plus en plus despotique d'Erdogan?

Des joueurs dans le creux de la vague

Samir Nasri qui sort d'un prêt en demi-teinte au FC Séville. Mathieu Valbuena qui jouait épisodiquement à l'Olympique lyonnais. Jérémy Menez qui cirait le banc de touche de Bordeaux et Gaël Clichy celui de Manchester City. Beaucoup des joueurs tricolores qui se sont tournés vers le tremplin turc sont à la relance. "Si vous êtes au top de votre carrière, vous voulez rester dans le gratin des clubs européens constate Vincent Chaudel, expert en marketing sportif au sein du cabinet de conseil Wavestone. Si vous ne le pouvez plus, vous allez regarder des clubs challengers ou un dernier contrat dans des destinations plus exotiques". La Turquie est considéré par beaucoup de joueurs comme un tremplin pour mieux rebondir ailleurs. Un choix audacieux qui avait réussi à Franck Ribéry qui était passé par Galatassaray en 2005 après le FC Metz avant d'exploser à l'Olympique de Marseille.

Rester dans le radar des clubs européens

Les grands clubs turques participent aux compétitions reines européennes: la Ligue des champions ainsi que l'Europa Ligue. Un bon moyen de "rester dans le radar des grands clubs pour Nasri ou Gomis", pour l'expert de Wavestone. Un avantage que les clubs chinois, qataris voire américains ne peuvent offrir. "Partir aujourd'hui en Chine, c'est un choix économique intéressant, développe Vincent Chaudel. Mais sportivement l'intérêt n'est pas encore démontré et c'est un trou noir médiatique. Le joueur sera dans la lumière asiatique, il sera compliqué pour lui de revenir dans un grand club européen".
"Entre aller jouer en Turquie, en Chine ou aux Etats-Unis c'est très différent, glisse Philippe Dardelet, directeur conseil sport business du cabinet Deloitte. L'Amérique signifie vraiment la fin de la carrière du joueur comme l'ont fait Gerrard ou Pirlo. Alors qu'en Turquie, le joueur reste visible et à disposition des clubs européens. C'est une façon de se relancer intelligemment. C'est un fin compromis entre des joueurs qui restent visibles et ceux qui veulent franchir un cap".
Le seul contre-exemple en la matière tient à l'improbable retour de Paulinho du Guangzhou Evergrande au FC Barcelone pour 40 millions d'euros.

L'assouplissement de la limite de joueurs étrangers

Durant très longtemps, le football turc s'est montré frileux vis-à-vis des footballeurs étrangers. "C'est un éternel débat en Turquie précise Ceyhun Kaplan, consultant sur le football turc. Cela changeait chaque année. Entre 2009 et 2014 cela a été 6 puis 8, après c'était 4 titulaires et 3 remplaçants. Depuis 2 ans, la limite est quasiment levée avec 14 joueurs étrangers par effectif". L'objectif de la limitation d'étrangers était d'avoir des bons joueurs turcs formés. Mais les instances turcs ont constaté que cette politique n'avait pas été couronnée du succès escomptée.

Des droits TV en forte hausse

A l'automne dernier, la Süper Lig a vu ses droits TV augmenter sensiblement. Ils ont été décernés au groupe Digiturk, filiale du géant qatari beIN Sports, pour la coquette somme de 500 millions de dollars par saison jusqu'en 2022 (427 millions d'euros). Le football turc bénéficie d'une hausse de 65 millions d'euros par rapport au précédent contrat (362 millions d'euros annuel).

Une fiscalité ultra avantageuse...

Pour attirer les importants salaires des footballeurs français, la Turquie peut mettre en avant le taux d'imposition sur le revenu le plus faible de l'Europe du foot (15%). Une somme modique comparé aux environs de 45% en France et 50% en Angleterre. "Un joueur de foot coûte 130% de plus en France qu'en Turquie, précise Ceyhun Kaplan, citant une étude KPMG sur le sujet. Forcément cela fausse la compétitivité de la Ligue 1".

...Donc une opération financière juteuse

3,35 millions d'euros net par an pour Gomis, 4 millions d'euros pour Valbuena ou Samir Nasri et 1,5 million pour Paul Le Guen. Au delà "du projet sportif" souvent vanté par les joueurs c'est le projet financier turc qui les fait rêver. "Du point de vue des joueurs, ils gagnent plus que ce qu'ils avaient en France", analyse Philippe Dardelet.
"La Turquie paie des salaires plus concurrentiels que la Ligue 1 ou même la Bundesliga constate Raffaele Poli responsable de l'Observatoire du football du CIES. Souvent ces joueurs n'ont plus leur place en Angleterre, le pays qui paie le plus cher l'excellence. Ils abandonnent leur ambition de faire partie des tous meilleurs championnats".

Une ambiance habituellement chaude dans les stades

Souvent les clubs étrangers redoutaient le chaud accueil des supporters turcs lors des matchs de compétitions européennes. "La Turquie aime le foot, c'est un public très chaud et bouillonnant" juge Vincent Chaudel.
Pourtant l'année dernière les tribunes des stades turques faisaient grises mines. "La Ligue turque a mis en place une carte de supporter obligatoire pour rentrer dans le stade. La majorité des groupes de supporters ont boycotté la saison". D'autant plus que la société choisie pour produire et gérer ses cartes de supporters semble bénéficier à un proche du président Erdogan. Avec le recrutement de stars cette saison comme Pepe, Negredo et la présence d'Eto'o, nul doute que les stades devraient enregistrer une hausse de fréquentation cette saison.

Un fort soutien politique à la diplomatie par le football

"La Turquie a une soif de reconnaissance internationale sur le foot, détaille l'expert de Wavestone Elle l'a obtenue dans le basket et en F1 en accueillant un grand prix. Elle veut désormais l'obtenir dans le foot. Le pays était candidat pour organiser l'Euro 2020. Comme c'était la seule candidate, l'UEFA a décidé d'opter pour une autre organisation dans 13 villes d'Europe plutôt que dans un pays".
Une politique de rénovation et de construction de nouveaux stades a également été mené en parallèle avec le soutien financier de l'Etat turc. Et il se murmure que les dettes fiscales des grands clubs du pays sont régulièrement annulées afin de favoriser leur compétitivité. 

Pas de peur sécuritaire

Ceyhun Kaplan confie qu'il a conseillé un joueur ayant opté pour la Turquie cet été. " Il a choisi un club à côté de la Syrie. Dans sa démarche, la question sécuritaire ne se posait même pas. En Europe on voit Erdogan qui affermit son pouvoir dans un pays en guerre en proie au terrorisme. Mais en Turquie, les joueurs ne le voit même pas passer. Ils ne passent leur temps que chez eux du côté de leur piscine".
Un point de vue partagé par Vincent Chaudel. "Les footballeurs, dans beaucoup de pays, ont toujours eu des revenus à part et des rythmes de vie à part par rapport à la population. Leur quotidien se limite à maison-entraînement et parfois stade. Et ils vivent presque hors-sol. Les joueurs français seront très entourés et non livrés à eux-mêmes". L'expert de Wavestone se souvient que Samuel Eto'o alors en Russie (Anji Makhatchkala entre 2011 et 2013), allait à l'entraînement en hélicoptère. Un bon moyen de dribbler les problèmes sécuritaires.

vendredi 6 octobre 2017

ORTA ŞEKERLİDEN HALLİCE AMA DENGESİZ BİR LİGİMİZ VAR

Performances et styles de jeu dans 35 ligues européennes
Drs Raffaele Poli, Loïc Ravenel et Roger Besson
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1. Introduction
L’analyse des performances de jeu constitue un des trois axes de recherche principaux de l’Observatoire du football CIES. La 28ème édition de notre Rapport Mensuel compare 35 compétitions nationales d’associations européennes sur la base des données mises à disposition par la société InStat. L’échantillon comprend 19’544 matchs disputés entre le 1er septembre 2015 et le 31 août 2017.
L’analyse porte sur trois dimensions : la gestion de la balle de la part des équipes, le degré d’ouverture des rencontres et le niveau d’équilibre entre adversaires. Pour chacun de ces domaines, nous présentons des indicateurs statistiques permettant de classer les ligues sur une base pertinente et objective.
Figure 1 : échantillon des ligues et nombre de matchs analysés


2. Gestion de la balle
Le premier indicateur retenu pour comparer les ligues du point de vue de la gestion de la balle est le pourcentage de passes réussies. Une valeur élevée traduit la capacité d’une équipe à conserver la balle dans ses rangs. Cet indicateur renvoie notamment à la maîtrise technique des joueurs, la distance des passes, le dispositif et philosophie de jeu, ou encore la pression sur le porteur du ballon.
Les cinq grandes ligues européennes sont aux sept premières places. Le classement des ligues suédoise (3ème) et israélienne (4ème) est surprenant compte-tenu des résultats relativement modestes obtenus pas leurs représentants dans les compétitions européennes. Comme illustré dans la figure 3, le niveau de pression sur le porteur du ballon explique en partie ce résultat. En ce qui concerne Isräel, la faible recherche de verticalité rentre aussi en ligne de compte (figures 4 et 5).
D’une manière générale, les championnats les plus compétitifs réunissent des joueurs avec des qualités techniques supérieures et se composent de plus de clubs dont la philosophie de jeu est basée sur la possession. Le Portugal et l’Ukraine sont les deux seuls pays aux dix premières places du classement UEFA où le taux de réussite des passes est inférieur à 80%. Comme détaillé dans les figures 6 et 7, ce résultat doit être mis en parallèle avec le déséquilibre régnant dans ces championnats.
Figure 2 : % de passes réussies, par ligue
Le taux de réussite des passes se reflète dans une large mesure dans la durée moyenne d’une phase de possession. Les valeurs varient dans ce cas entre moins de 12 secondes pour la 1. Liga tchèque et 15 secondes pour la Premier League anglaise. En règle générale, les phases de possession durent plus longtemps dans les championnats plus performants que dans les ligues moins compétitives.
L’indicateur du nombre de passes par minute de possession est aussi intéressant afin de comprendre la vitesse de circulation du ballon. Les cinq grandes ligues européennes sont dans ce cas aux cinq premières places. Les équipes qui y font partie sont non seulement à même de réussir une plus grande proportion de passes que la moyenne, mais aussi à les effectuer de manière plus rapide.
Le niveau relativement faible de passes par minute mesuré pour les premières divisions suédoise et israélienne par rapport au pourcentage de passes réussies reflète une moins grande nécessité de faire circuler le ballon rapidement afin de déjouer le jeu défensif des adversaires. Le même constat est valable pour l’Eredivisie néerlandaise et la Pro League belge.
Figure 3 : nombre de passes par minute de possession, par ligue
3. Degré d’ouverture
La deuxième dimension analysée est le degré d’ouverture des rencontres. Le nombre de buts marqués est un premier indicateur intéressant pour mesurer le rapport de force entre attaque et défense selon les ligues. Ici aussi, les écarts observés renvoient à des divergences tant dans l’habilité des joueurs que dans les philosophies de jeu. Le déséquilibre entre équipes peut aussi expliquer certaines différences (voir prochain chapitre).
Le nombre de buts par match dans les compétitions étudiées varie entre 2,24 pour la Segunda División espagnole et 3,16 pour la Super League suisse. Les championnats les plus ouvertes se situent en Europe occidentale. La ligue d’Europe de l’Est dont les équipes marquent le plus de buts, la première division slovaque, n’est que douzième. Les cinq ligues de deuxième division analysées se situent en bas de l’échelle. Les cinq grands championnats sont par contre dans la première moitié du tableau.
Figure 4 : nombre de buts par match, par ligue
L’indicateur de la durée de jeu effective par but permet aussi de comprendre le degré d’ouverture des rencontres. À un extrême, en Super League suisse, un but intervient tous les 16’17’’ de jeu effectif. À l’autre extrême, en Israël, il faut attendre 23’32’’ de jeu pour voir un but. La moyenne pour les 35 compétitions analysées est de 20’32’’.
Généralement, le temps de jeu effectif est plus élevé dans les championnats plus relevés que dans les ligues moins performantes. Ce résultat traduit une plus grande fluidité dans le jeu. Il se situe à 55,6% à l’échelle des compétitions analysées, avec un minimum de 51,5% au Portugal et un maximum de 59,6% en Suède.
Figure 5 : durée de jeu effectif par but, par ligue (minutes)
4. Niveau d’équilibre
Les championnats se différencient aussi grandement en fonction du niveau d’équilibre entre adversaires. Dans une perspective technique, l’équilibre peut se mesurer de différentes manières. Dans le contexte de cette étude, deux indicateurs ont été retenus : les écarts dans le nombre de tirs depuis l’intérieur de la surface adverse et le nombre de passes.
Les équipes les plus compétitives ne tirent pas seulement le plus, mais arrivent aussi à se rapprocher davantage du but adverse avant d’armer leurs frappes. La différence dans le nombre de tirs effectués depuis l’intérieur de la surface des adversaires constitue ainsi un indicateur particulièrement pertinent pour mesurer le rapport de force entre équipes.
À l’échelle des 35 compétitions analysées, les écarts par match varient entre 3,5 tirs dans le deuxième niveau de compétition allemand et 5,1 tirs de différence en première division croate. Plus généralement, les deuxièmes divisions des grands championnats européens émergent en tant que compétitions particulièrement équilibrées. La faible ouverture mesurée précédemment est en partie liée à ce constat.
À l’exception de la Ligue 1 française, les compétitions du big-5 font par contre partie des championnats les plus déséquilibrés. Si le niveau général des joueurs y est très élevé, les fortes différences dans les moyens à disposition des équipes se reflètent dans une domination de certains clubs. La Croatie, l’Ukraine et les Pays-Bas sont dans une situation similaire.
Figure 6 : écart moyen de tirs depuis l’intérieur de la surface adverse par match, par ligue
L’écart moyen de passes effectuées par les équipes confirme le très grand équilibre existant dans les deuxièmes divisions des pays accueillant les championnats les plus développés. À l’opposé, cet indicateur fait encore plus ressortir les ligues du big-5 parmi les compétitions les plus déséquilibrées du point de vue de la production technique des équipes.
Si, à l'échelle des équipes, une corrélation significativement positive existe entre passes et tirs, le lien n’est pas toujours très fort. Ainsi, l’écart de passes mesuré dans les premières divisions allemande, française, israélienne ou russe n’explique que de manière marginale l’écart de tirs observé. Dans ces cas, la possession, bien qu’importante, n’est pas un critère décisif de succès.
Figure 7 : écart moyen de passes entre adversaires par match, par ligue
5. Conclusion
Ce Rapport Mensuel ne constitue qu’une première exploitation des nombreuses possibilités offertes par la nouvelle collaboration entre l’Observatoire du Football CIES et InStat. De par leur richesse, les données produites par cette société constituent une base solide pour de nombreuses autres recherches à venir.
En termes d’analyse de performance, la plus grande difficulté réside toujours dans la capacité à interpréter les données en prenant en compte les particularités du contexte dont elles résultent. La principale conclusion qu’il est possible de tirer ici est que les meilleures ligues se différencient avant toute chose par la fluidité de leur jeu : meilleur taux de réussite des passes et circulation plus rapide de la balle.
Une meilleure capacité générale à maîtriser le ballon n’amène cependant pas forcément à plus de buts. Ce sont plutôt le rapport de force entre adversaires et la philosophie de jeu qui jouent un rôle prépondérant à ce niveau. Un championnat déséquilibré avec une mentalité offensive débouchera sur plus de buts qu’une compétition équilibrée avec une mentalité défensive. Les écarts observés entre les premières et deuxièmes divisions des pays du big-5 traduisent en grande partie ce constat.



jeudi 7 septembre 2017

TRANSFERTS : LE BİLAN

Analyse du marché des transferts :
tracer l’argent (2010-2017)
Drs Raffaele Poli, Loïc Ravenel et Roger Besson
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1. Introduction
L’étude du marché des transferts constitue un des principaux axes de recherche de l’Observatoire du football CIES. Ce rapport analyse les transactions payantes intervenues depuis 2010 ayant impliqué des équipes des cinq grands championnats européens : Premier League anglaise, Liga espagnole, Bundesliga allemande, Serie A italienne et Ligue 1 française.
Le premier chapitre étudie dans une perspective historique les sommes investies en indemnités de transfert. Le deuxième présente les bilans financiers du dernier mercato à l’échelle des clubs, ainsi que les principaux soldes monétaires entre ligues. Enfin, le troisième chapitre analyse les opérations de transfert du point de vue de l’écart entre montants investis et sommes estimées par l’algorithme que nous avons développé*.
[* À ce propos, voir la note de recherche Comment évaluer la valeur de transfert d’un joueur ?]
2. Sommes dépensées
Bien que les chiffres officiels des montants investis en indemnités de transfert restent le plus souvent confidentiels, le suivi des opérations par médias interposés permet d’appréhender assez fiablement la réalité. Les données publiées dans ce rapport incluent les indemnités de transfert fixes, les éventuels bonus, ainsi que les sommes versées dans le cadre de prêts payants.
Depuis 2010, les sommes de transfert dépensées par les clubs du big-5 ont fortement augmenté. Pour la cinquième année consécutive, un record a été enregistré en 2017  : 5,9 milliards €*. Il s’agit d’une augmentation de 41% par rapport à l’année précédente. Si on ne prend en compte que les transferts de l’été, l’accroissement a été de 38% : de 3,7 à 5,1 milliards €.
[* Les sommes de transfert négociées dans le cadre de prêts avec obligation d’achat sont aussi incluses dans le décompte.]
Figure 1 : indemnités de transfert engagées par les clubs du big-5, milliards € (2010-2017)
À l’image des années précédentes, en été 2017, les clubs de Premier League ont engagé les montants les plus élevés : 1,55 milliards € en indemnités fixes et 220 millions € en payements conditionnels. En moyenne, un club de première division anglaise a investi 89 millions € dans le recrutement de nouveaux joueurs. Dans les autres championnats analysés, ce chiffre varie entre 55 millions € (Serie A italienne) et 34 millions € (Liga espagnole).
Figure 2 : indemnités de transfert engagées par les clubs du big-5, par ligue (été 2017)
La part des dépenses des clubs de Premier League par rapport aux indemnités de transfert payées par l’ensemble des clubs du big-5 a toujours été supérieure à 30% lors de la période analysée. La diminution observée en 2017 reflète en premier lieu les investissements très importants consentis par Paris St-Germain (418 millions €) et Milan (250 millions €).
Figure 3 : répartition des indemnités de transfert engagées par les clubs du big-5, par ligue (2010-2017)
L’analyse spatiale des sommes investies par les équipes du big-5 durant l’été 2017 montre que la plupart de l’argent reste à l’intérieur de ces championnats : 3,7 milliards € (71% du total). Pourtant, seulement 52% des recrutements payants effectués par des équipes du big-5 ont concerné des joueurs sous contrat avec des clubs de ces mêmes ligues. Ce déséquilibre s’explique du fait que les transferts les plus chers interviennent entre équipes du big-5. Les cas de Neymar, Mbappé et Dembélé sont en ce sens emblématiques.
Figure 4 : récipiendaires des indemnités de transfert engagées par les clubs du big-5 (été 2017)
Plutôt que de remettre en cause l’utilité du système de transfert, comme notamment argumenté par la FIFPro, notre analyse plaide pour le renforcement des mécanismes de redistribution. L’augmentation des indemnités à verser aux clubs formateurs, ainsi que l’accroissement et la généralisation des contributions de solidarité telles que prévues par la FIFA pour les transferts internationaux constituent autant de mesures qui permettraient d’améliorer la donne.
3. Bilans financiers
Au-delà des sommes dépensées, il est intéressant d’étudier le bilan net des opérations de transfert. Au total, 41 clubs du big-5 affichent un solde financier positif pour les mutations de joueurs réalisées en été 2017. Le bilan le plus positif en absolu a été observé pour Monaco : +289 millions € (394 millions € encaissés et 105 millions € dépensés). À l’opposé, il y a Paris St-Germain : -343 millions €.
Figure 5 : bilan financier des transferts, équipes du big-5 (été 2017), en millions €
L’analyse par ligue met en exergue le cas extrême de la Premier League, qui affiche un bilan nettement déficitaire (-835 millions €). Seules cinq équipes de la première division anglaise ont encaissé plus d’argent en indemnités de transfert que les montants engagés par le recrutement de nouveaux joueurs. À l’opposé du championnat anglais, la Liga espagnole présente un solde monétaire légèrement positif (+9 millions €). Ce résultat est en grande partie lié au cas du Real Madrid (+47 millions €).
Figure 6 : bilan financier des transferts, ligues du big-5 (été 2017), en millions €
L’analyse spatiale des bilans financiers des transferts internationaux ayant concerné des équipes du big-5 confirme le rôle moteur de la Premier League dans la structuration du marché. Cinq des sept relations internationales avec les soldes monétaires les plus importants concernent la première division anglaise : -259 millions € vis-à-vis de la France, -112 millions € vis-à-vis de l’Espagne, -108 millions € vis-à-vis de l’Italie, -105 millions € vis-à-vis du Portugal et -99 millions € vis-à-vis des Pays-Bas.
Figure 7 : soldes monétaires des transferts internationaux de l’été 2017 ayant impliqué les clubs du big-5 (soldes ≥ 25 millions €)
En ne prenant en compte que les équipes présentant un solde positif pour les transferts ayant impliqué des clubs du big-5 lors de l’été 2017, il apparaît que les principaux bénéficiaires se situent au sein de ces mêmes championnats. Les 41 équipes du big-5 bénéficiaires totalisent un bilan positif de 989 millions €. La valeur la plus élevée par ligue a été enregistrée pour la Ligue 1  : +436 millions € (dont les deux tiers pour Monaco).
Figure 8 : bénéficiaires des opérations de transfert ayant impliqué des clubs du big-5, par catégorie de ligues (été 2017), en millions €
Les clubs extérieurs au big-5 présentant un bilan positif pour les transferts effectués avec les équipes des cinq grands championnats se situent surtout dans d’autres pays de l’UEFA (en particulier au Portugal, aux Pays-Bas et en Belgique), dans la deuxième division anglaise (en grande partie grâce aux transferts vers la Premier League), ainsi qu’au Brésil.
4. Opérations de transfert
L’Observatoire du football CIES est notamment reconnu pour sa capacité à estimer sur une base scientifique la valeur de transfert des footballeurs professionnels. Ce chapitre compare les montants investis pour le transfert de joueurs présents dans le big-5 à l’issue de la saison 2016/17 avec les « justes » prix calculés grâce à notre algorithme. La forte corrélation entre sommes payées et estimées confirme la robustesse de notre approche et son fort pouvoir prédictif.
Figure 9 : corrélation entre montants payés et sommes estimées pour les joueurs big-5 (transferts de l’été 2017)
Comme d’habitude, un écart négatif a été mesuré entre prix payés et valeurs estimées. Au total, les premiers ont été de 30% inférieurs aux deuxièmes. Il s’agit de la plus forte différence observée depuis la mise au point de l’algorithme. Ce résultat reflète l’accélération de l’inflation sur le marché des transferts.
Selon l’algorithme développé, le transfert le plus sur-payé en valeur absolue a été celui de Kylian Mbappé de Monaco à Paris St-Germain  : +87.4 millions € entre montant annoncé (avec bonus) et somme estimée. Inversement, la meilleure affaire d’un point de vue financier a été réalisée par Liverpool pour le recrutement de Mohammed Salah (-19.4 millions €).
Figure 10 : plus forts écarts entre prix payés et valeurs estimées (été 2017)
5. Conclusion
Ce rapport met en exergue l’inflation des sommes de transfert pour le recrutement de joueurs sous contrat avec des équipes faisant partie des cinq grands championnats européens. La sous-estimation moyenne des prix par rapport aux valeurs prédites sur la base de notre algorithme et l’augmentation globale des indemnités de transfert payées par les équipes du big-5 sont autant d’indicateurs illustrant le processus d’inflation.
La mondialisation de l’intérêt pour le football en général et pour les championnats les plus compétitifs de manière plus spécifique laissent présager une poursuite de l’inflation des coûts sur le marché des transferts. À court et moyen terme, les équipes des meilleures ligues devraient être en mesure d’accroître leur chiffre d’affaire. Ce constat est d’autant plus vrai pour les clubs les plus puissants.
À plus long terme, dans un contexte où le changement des modes de consommation renforcera la baisse des audiences télévisuelles, le plus gros défi résidera dans la capacité des clubs et des ligues à diversifier encore davantage les sources de monétisation du spectacle sportif. Dans tous les cas, pour les cinq prochaines années, il y a fort à parier que des nouveaux records de dépenses sur le marché des transferts vont être progressivement établis.



Rapport mensuel n°27 - Septembre 2017 - Analyse du marché des transferts