Selon ce que raconte Evliya Celebi (voyageur et historien ottoman de l'epoque), le Sultan Beyazit (Bajazet) II, un jour d'hiver ou il etait a la chasse sur les collines de Galata, apercut, dans un grand jardin parfaitement entretenu, une cabane delabree. Le proprietaire de cette masure, du nom de Gul Baba (pere rose), lui ayant fait l'honneur de son jardin, le sultan voulut le recompenser et, sur le desir exprime par celui-ci, fit edifier a cet endroit une ecole et un hospice.
La legende veut donc que l'ecole ait ete fondee suite a ce voeu, soit! Toutefois, noussavons que le Sultan Fatih (Mehmet le conquerant) - celui qui prit Istanbul aux Byzantins - dans le but de fonder un etat durable dans cette ville ou la culture antique etait encore si presente apres un millier d'annees d'Empire Byzantin - etudiait les cultures antiques et lisait les ouvrages classiques qu'il faisait traduire abondamment. Parmi ceux-ci une oeuvre avait une place de choix: "La Republique" de Platon, qui assigne aux seuls philosophes la tache de gouverner la Cite d'Or, dans ces annees pendant lesquelles montait le pouvoir des Ottomans, comment eduquer les philosophes qui gouverneraient l'etat?
Il existait bien une ecole du Palais, mais encore fallait-il que les jeunes gens qui y seraient admis aient deja recu ailleurs une education elementaire. C'est dans cet esprit que Beyazit II realisera l'ideal de son pere, Mehmet le Conquerant, en creant l'Ecole de Galatasaray (l'ecole du Palais de Galata), qui apportera une contribution essencielle au systeme educatif de Palais.
La premiere institution educative de Galatasaray, connue sous le nom d'*Ecole Imperiale de Galata Sarayi* avait pour mission d'instruire et de former les cadres destines a l'administration du Palais. A cette epoque l'ecole du Palais etait un vaste complexe edifie dans les jardins du Palais et comprenant les differentes composantes necessaires a la vie quotidienne des sultans Ottomans: unites d'enseignement, bibliotheques, salla de tresor etc...
Les personnes attachees a cette ecole, suffisamment instruites dans les divers domaines pour enseigner aux personnages importants de l'administration ottomane, au premier desquels le Sultan lui-meme, recurent leur formation de 1481 a 1715, a l'ecole Imperiale de Galata Sarayi.
En 1675, a la suite d'une sedition, les plus doues parmis les jeunes gens de l'ecole furent envoyes au Palais (icoglan) et les autres furent distribues dans differentes unites de cavalerie. L'ecole resta fermee pendant dix ans. Reouverte apres cette periode, elle se chargea a nouveau de l'education des jeunes gens destines au Palais.
Apres 1820, l'etablissement fut transforme en ecole de medecine et en quartier militaire.
Dans les decennies suivantes, acroissant son role, l'ecole devint le symbole des reformes du Tanzimat "Tanzimat ("réorganisation" en turc osmanli) furent une ère de réformes dans l
a l'occidentalisation recherchee par l'Empire Ottoman. En effetle besoin se faisait sentir d'un etablissement ou accueillir les programmes d'education traditionnelle, afin de former les cadres qui mettraient en pratique les reformes dans les domaines juridique, politique et social. Dans ce but le 1er Septembre 1868 au cours d'une ceremonie a la quelle participait le Sultan Abdulaziz lui-meme, le vieil etablissement reprenait vie sous le nom de Lycee Imperial Ottoman (MEKTEBI SULTANI). Grace aux efforts deployes par Cemil Pacha, alors ambassadeur a Paris, et Fuad Pacha, ministre des affaires etrangeres, l'etablissement dispensait un enseignement equivalent, pour les contenus et la qualite, a celui des lycees francais. A cote des eleves musulmans, prenaient place egalement des eleves catholiques, orthodoxes et juifs. Les eleves pouvaient integrer l'ecole de 9 a 12 ans selon leur niveau de langue en francais ou en turc et etaient diriges vers les classes preparatoires.
En 1908, sous l'impulsion de Tevfik Fikret, alors directeur, la duree de chacun des cycles d'enseignement: primaire, college, lycee est portee a trois ans, soit un cycle complet de 9 ans. Par ailleurs, des cours optionnels de persan, arabe, italien, latin, grec, armenien et allemand sont institues, a cote des lecons de piano et de violon.
A partir de 1924, l'etablissement dorenavant appele "Lycee de Galatasaray" dispense un enseignement en accord avec les pricipes de la Republique. L'obligation de parker francais pendant les recreations est levee, et les cours de culture generale sont donnes en turc.
En 1967 les premieres filles sont acceptees dans le lycee et recoivent les cours a Ortakoy. dans les batiments de Feriye Saraylari (les Palais de Feriye, anciennement ecole primaire situee au bord du Bosphore) alloues a Galatasaray par Ataturk au debut des annees trente.
En 1968 a l'occasion des ceremonies marquant le centieme anniversaire de la fondation du Lycee Imperial, Charles de Gaulle, alors president de la republique Francaise, visite le lycee.
En 1975 l'etablissement entre dans la categorie des lycees dits "anatoliens" avec un cycle complet d'enseignement de 8 ans.
Enfin, le 14 Avril 1992, par le protocole signe entre Francois Mitterand, president de la Republique Francaise, et Turgut Ozal, huitieme president de la Republique de Turquie, prend naissance l'Etablissement d'Enseignement Integre de Galatasaray (E.E.I.G en turc G.E.O.K) qui reunit l'ecole primaire, le lycee et l'universite.
Comme on peut le constater Galatasaray fut toujours une ecole phareet le noyau des reformistes du pays ainsi que la maison de toutes les nouveautes venant de l'occident. En un mot Galatasaray est la fenetre ouverte a l'ouest de la Turquie. Il etait normal donc que les premiers travaux sur le sport aient ete entrepris dans cette ecole aussi.
Monsieur Curel, alors professeur a l'ecole, instaure les cours de gymnastique. Entrainant ses eleves a l'aide d'appareils modernes, monsieur Curel organise une fete en leur honneur a Kagithane (quatier a la mode au bord de la Corne d'Or, lieu de villegiature de l'epoque) et leur offre un "Riz pilaf a l'Agneau" ce qui va devenir une tradition suivi par tous les membres de la communaute chaque annee le premier dimanche du mois de juin. Ou qu'ils soient les membres anciens et nouveaux font tout leur possible pour participer a ce "Pilav" qui les reunit et leur permet de revivre chaque annee les souvenirs d'une enfance heureuse et privilegiee.
Pendant ce temps le sport se developpe dans l'enseinte de l'ecole et se diversifie. Hockey, tennis etc..sous la direction des professeurs francais ayant pris la suite de Monsieur Curel: M. Moiroux, M. S.Mortinetti, M. S. Stangali.
En 1901 deux anglais vivant a Istanbul, James Lafontaine et Horace Armitage, ont cree une equipe de football constituee de joueurs grecs et anglais. Suite a un desaccord entre eux, les anglais decident de fonder le club de Moda en 1903 pour exercer leur sport favori. En 1904, ces deux clubs forment la Ligue d'Istanbul avec les clubs de Strugglers, Imogen et Elpis et organisent un championnat (Union Club) sur les lieux (appele a l'epoque Papazin Cayiri: Le Pre du Curee) de l'actuel stade de Fenerbahce, "Sukru Saracoglu".
Suivant ces evenements sportifs organises par les etrangers et attirant un nombre considerable de passionnes, les eleves de Galatasaray ne tardent de decider d'y participer. Leur but est avant tout de constituer leur propre club et equipe, apprendre les regles de ce sport qu'ils adorent et rencontrer enfin ces etrangers qui les regardent de "haut"! Un des leleves prendra le devant et le 1er Octobre 1905 dans une classe de 5eme, pendant les cours de M. Mehmet Ata, professeur de litterature, realise leur reve. Apres avoir hesite sur le nom a lui attribuer, ils renoncent a la Gloria (victoire) et a l'Audace, et appellent tout naturellement leur nouveau club : GALATASARAY. Cette decision a ete inspiree par les supporters qui les ont appeles "les seigneurs du Palais de Galata" (Galata Sarayi efendileri) apres leur premier match contre les grecs (qu'ils gagnent). Ils choisissent d'abord les couleurs nationales, le rouge et le blanc. Mais ils changent craignant la paranoia des dirigeants de l'epoque qui voyaient des complots politiques partout et suite a un hasard ou ils decouvrent les couleurs actuelles leur rappelant les couleurs du feu: un rouge assez fonce s'approchant du bordeaux et un jaune orange. Ainsi prend feu une passion qui animera les foules depuis maintenant plus d'un siecle.
Ce feu n'est d'ailleurs pas sans antecedant.
C 'EST BYZANCE (Pour mieux comprendre le present il faut connaitre le passe)
A l'epoque de Byzance, le sport favori des habitants etait les course de chars. L'Empire Byzantin perpetue nombre de traditions romaines, au premier rang desquelles, les courses de chars. La ville etait divisee en plusieurs factions: le club des VERTS (prasina), des BLEUS (veneta), des ROUGES (russata) et des BLANCS (albata). D'autres ecuries tenterent leur chance, mais resterent largement en retrait par rapport aux quatre grandes. Ces factions etaient a l'origine des groupes de supporters (fautores) des differents equipages qui s'affrontaient dans ces courses. Ces groupes etaient extremement populaires; ils prirent une couleur politique pour finir par devenir de veritables partis. Les BLEUS etaient principalement des riches artisants et commercants et formes des locaux (bourgeoisie locale), tandis que les VERTS, plutot greco-romains et issus des familles patriciennes, representaient l'aristocratie, quant aux ROUGES, c'etaient tout simplement les basses couches de la population. Chacune des factions avait sa tribune dans l'Hippodrome: les BLEUS a gauche de l'Empereur, les VERTS a droite, les ROUGES en face...
Au fil du temps, les factions s'organisent et se dotent meme d'une organisation militaire, elles deviennent ainsi de veritables milices qui n'hesitent pas a s'opposer physiquement. Cette exacerbation des tensions entre factions fut a l'origine de plusieurs revoltes.Ces equipes s'affrontaient dans l'hippodrome de la ville edifiee entre 203 et 223 (Ap.J) et qui pouvait contenir jusqu'a 100.000 spectateurs apres son agrandissement en 330.
Ces courses declanchent une passion toute romaine, provoquant meme des drames que Rome avait su eviter. Ce n'est pas le cas de Byzance: le Massacre de Nika, entrainera le deces de 80.000 supporters... Le 13 Janvier 532, emeute a Byzance apres l'annulation des courses du jour a l'Hippodrome. Les supporters des deux ecuries traditionnellement rivales (Verts et Bleus; Borgeoisie et Aristocratie) manifesterent en effet unanimement leur hostilite envers l'Empereur Justinien (ca vous rappelle quelque chose)? des son arrive en tribune. Ce mouvement d'humeur etait en fait teleguide par des raisons politiques. Les supporters mirent la ville a sac pendant cinq jours tansi que l'empereur preparait sa fuite. Justinien renoncera finalement a fuir (grace a l'Imperatrice Theodora qui l'empechera) et ordonnera le massacre des mecontents; 40.000 morts, dont plus de 35.000 Verts et plusieurs milliers de Bleus. Cette tragedie est connue sous le nom de "sedition Nika" en raison du cri "Nika! Nika!" (Victoire! Victoire!) que scandaient les supporters. La faction des Verts est aneantie, mais se formera de nouveau bien vite.
ALORS QUE SE PASSE-T-IL AUJOURD'HUI?
Apres ce court passage au temps de Byzance, revenons a ce qui se passe aujourd'hui.
La ville d'Istanbul, megapole de 15 millions d'habitants, est divisee en trois factions comme au bon vieux temps! Les bleus (et jaune canarie) de FENERBAHCE (cote asiatique de la ville et compose de riches commercants bourgeois), les Rouges (et jaune orange) de GALATASARAY (cote europeen de la ville et compose d'intellectuels aristocrates) et les Blancs (et noirs) de BESIKTAS representant le peuple ordinaire....Etrange coincidence me direz-vous?
Etrange coincidence aussi l'organisation quasi militaire et en milice des supporters qui eux-aussi n'hesitent pas a s'affronter physiquement avant et apres les rencontres...Surtotu des deux factions traditionnellement rivales: les "Bleus" de Fenerbahce et les "Rouges" de Galatasaray.
Esperons que cela ne se termine pas de la meme facon et que les coincidences restent la...Bien que tres souvent, comme chacun le sait, l'histoire ne se fait que repeter.
L'HISTOIRE RECENTE NON-DIT (!) DE GALATASARAY
Apres des decennies pleines de gloires et de reussites nationale, Galatasaray decide enfin de moderniser ses structures en donnant plus d'importance a ses jeunes du cru. En 1970 les responsables de l'epoque (Selahattin Beyazit et Ali Uras tous deux presidents successifs) engagent les reformes, trouvent avec l'aide de Ralph Rampsey, un Anglais inconnu au bataillon mais tres efficace: Mr Brian Birch qui apporteras avec lui dans ses bagages une nouveaute tout aussi anglaise que lui: La Condition Physique. Galatasaray sera champion en ecrasant ses adversaires trois annees de suite: On aura en meme temps reveille ces memes adversaires, qui eux aussi comprennent l'importance du travail hors
des terrains et la condition physique.
La clairvoyance des dirigeants va permettre d'assainir les finances et l'activite va renflouer les caisses du club qui passe ainsi de l'artisanat a l'industrie.
Il n'y a aucune structure dans le pays. Ni a Galatasaray, ni a Fenerbahce, ni a Besiktas. Les plus "grands" clubs du pays sont depourvus d'infrastructure. Galatasaray sera encore pionnier dans ce domaine. En prenant les devants et un enorme risque (sans gagner aucun championnat en 14 ans) Galatasaray sera le premier club du pays a avoir un terrain gazonne et des structures dignes de ce nom. Le club s'efforcera a former des jeunes et s'appliquera a les employer coute que coute. Apres une longue attente et quelque renforcement de joueurs de qualite venant de l'etranger, le club remportera cinq annees de suite le Championnat et ira plusieurs fois en quarts et demi-finales dans les championnats europeens.
En l'an 2000 il atteindra le sommet en devenant le premier club turc a remporter une coupe europeenne face a Arsenal. La coupe de l'UEFA viendra en Turquie cette annee la.
Dans l'euphorie, les dririgeants de l'epoque, enivres par cette reussite inattendue, oublieront completement le cote "finances" et negligeront de monnayer cette reussite.
Par la suite, les transferts couteux et sans fondements et les salaires faramineux vont ruiner le club. La gestion des dernieres equipes dirigeantes, va empirer cette situation en s'endettant encore pluset en ignorant totalement la "Gestion du Capital Joueurs" qui pourtant est concidere comme la moelle epiniaire de la gestionm d'un club de football.
Les dernieres annees seront presque fatales au club. Un nombre incalculable de joueurs transferes sans aucune recherche serieuse et 95% d'entre-eux renvoyes "illico-presto" sans en tirer un quelconque benefice, ni sportif, ni financier, pour en transferer d'autres dans le meme esprit!
Cela ne pardonne pas dans le "Football Business" de notre epoque.
Le football devenu une industrie a part entiere, a ses propres regles et etre un important et riche homme d'affaire ne suffit plus pour diriger un grand club dit "europeen".
Resultat des courses, sans mauvais jeu de mots, pres de 500 millions de dollars de dette et un club qui n'arrive plus a payer ses fournisseurs et joueurs. Plusieurs d'entre eux vont quitter sans aucune indenmnite le club, et ne tirant aucune lecon de totu ca, les dririgeants vont continuer leur politique de gestion "populiste" et iront vers une catastrophe annoncee.
La seule et unique marque de la Turquie, connue jusqu'alors mondialement ne peut fructifier son image et se retrouve dans une situation completement bloquee pour en tirer un quelconque benefice.
L'avenir du club est sous hypotheque et il n'y a malheureusement aucune issue.
Galatasaray, le club des extremes, ne peut compter que sur sa propre dynamique et reste, encore et toujours, le club le plus connu du pays avec un enorme potentiel a exploiter. Les membre atterres, ne peuvent qu'esperer et attendre qu'il soit decide enfin d'activer ses propres dynamiques car l'ecole d'ou vient ce club represente une reserve de cervaux inepuisable.
Encore faut-il qu'il en soient conscients!.....
